Règle n°1 : Dans un appartement miteux tu ne vivras point. (Clara)

Cela faisait quelques mois que j’avais atteint ma majorité et trouvé un job, il ne me manquait plus qu’un appartement pour atteindre le summum de ma liberté si longtemps espérée. Arrêter mes études avait était un choix murement réfléchi, je m’étais posé moi-même la question pendant longtemps, sans en faire part à personne à savoir si je comptais les poursuivre et donc rester aux crochets de ma famille d’accueil ou les arrêter et entrer directement dans la vie active. Au final, j’avais trouvé le bon compromis, moi qui n’avait jamais été vraiment fan de tout ce qui se rapportait aux études, j’avais été prête à sauter sur n’importe quel job qui se présentait à moi, entre autre celui de serveuse dans le bar du coin.
Je venais de finir une dure journée de boulot et me rendait dans la réserve pour y récupérer mes affaires personnelles. J’enfilais ma veste, attrapais mon sac et mon vieux journal miteux posé sur une table puis sortais du bar après avoir salué une dernière fois mes collègues. Marchant à grands dans la rue, je sortais par automatisme mon portable et, continuant ma marche, je lisais mes nouveaux messages. " Coucou ‘Lyssa ! Tu passes me voir après le boulot si t’as le temps ? Oh fait non… T’as pas le choix, depuis le temps que t’es pas venue tu ne peux plus échapper. Bisous, à tout à l’heure ! Clara. " Je souriais. Clara, cela faisait quelques années déjà que je la connaissais et il est vrai qu’avec la vie que je menais depuis quelques jours, entre le boulot, les recherches de job et tout ce qui s’en suivait, je l’avais un peu zappé. Non pas que c’était mon intention, juste par manque de temps. Enfin, je savais bien que Clara finirait par me le faire remarquer et elle faisait bien, pour une fois que je n’allais pas passer le reste ma soirée scotchée chez moi à lire les petites annonces, ça me changerait… Je rangeais mon portable dans ma poche, sans chercher à lui répondre, de toute façon, Clara me connaissait assez bien pour savoir qu’après un message pareil, j’allais obligatoirement rappliquer, ne voulant pas prendre le risque qu’elle vienne directement chez moi pour me trainer de force dans sa villa de rêve. Puisque oui, je devais avouer que la première fois que j’avais mis les pieds chez la jeune fille, j’avais plutôt halluciné sur la taille et la beauté de sa maison. Le jour où j’aurais trouvé un appartement, du genre 20m² avec une douche pour lilliputiens dans laquelle je n’aurais même pas la place de me retourner, le contraste serait juste énorme et limite hilarant. Sans compter le fait que par apport à sa ville bien proprette et bien rangée, mon appartement risquerait de ressembler à une vraie tanière , je me connaissais assez pour savoir qu’en vivant toute seule, je ne prendrais certainement pas beaucoup de temps pour m’afférer au ménage. Travaillant au Tchicky Bar, je prenais le premier bus qui se rendait au Saint-Rose Creek et marchait quelques minutes pour arriver à la villa de Clara. Je montais les quelques marches qui menaient à la porte d’entrée de la villa familiale (qui n’avait plus de familiale que l’apparence, étant donné que Clara y vivait seule depuis quelques temps), puis je sonnais à la porte. Attendant une réponse, je jetais un léger coup d’œil au journal chiffonné sur lequel j’avais entouré quelques annonces du genre : " Loue studio meublé 25m², idéal pour étudiant. " Le prix précisé à la fin de l’annonce puis rien de plus, le genre d’annonce auxquels elle avait déjà eu affaire et qui l’avait mené à visiter des studios humides et lugubres, dans lesquels même un chien n’aurait pas pu s’y sentir à son aise. Bon, de toute façon autant tenter d’en visiter un maximum, qui sait, peut-être que sur un coup de chance, je tomberais sur quelque chose qui ne serait pas trop délabré. Entendant la porte s’ouvrir, je baissais le journal en souriant puis je m’approchais de Clara pour la serrer dans mes bras. « Salut ma belle ! Bon, je te préviens, pour ma défense j’ai été très occupée ces derniers jours… Mais bon, tu m’as manqué quand même, promis ! » Au moins c’était clair, j’avais pu lui sortir mon excuse d’emblée que je n’avais même pas cherché à arranger pour la rendre encore plus valable. En effet, j’aurais pu partir sur des explications comme quoi j’aurais voulu sauver héroïquement un charmant jeune homme de la noyade mais que, par pur manque de bol, je me serais fait attaquer par une meute de loups enragés puis j’aurais fini à l’hôpital (avant de me taper éventuellement le pauvre noyé qui n’aurait rien trouvé de mieux à faire pour me remercier…). Quoique, cette deuxième option aurait pu être agréable à raconter, mais peu crédible, j’en étais bien consciente. Toujours est-il que oui, j’étais vraiment contente de retrouver mon amie à qui je tenais énormément. En effet, Clara avait toujours été là pour moi dès le jour de notre rencontre et m’avait aidé à me sentir mieux dans un moment où j’avais eu cette fâcheuse tendance à broyer du noir. Au fait, Clara c’était un peu ma wonder woman, mais avec un goût vestimentaire bien moins douteux.