Baby I'm A Fool - (Nick)

baby i'm a fool

Il était bientôt vingt-trois heures. Les derniers clients payaient l'addition. Certains me souriaient et me disaient merci. D'autres payaient et partaient sans une once de politesse. J'avais laissé partir mes serveuses. Je m'occupais donc de la fermeture. J'étais assez tendue. Je le suis pas mal ces derniers temps. Plus tôt dans la soirée, j'avais reçu un message de Nick. Lorsque je vis son nom sur l'écran de mon téléphone, j'avoue avoir eu des frissons. J'osais pas trop lire le message. Puis je me décidais. Salut, Juliet. On peut se voir ce soir au Tchiky ? Faut qu'on discute. Il voulait simplement qu'on se voit, qu'on discute. Bien sur il a raison, il le faut. Après tout, depuis cette nuit, l'autre soir, on ne s'est pas revu. Je l'aurai appelé aussi, mais j'avais besoin d'encaisser, en particulier en vu des dernières nouvelles. Et il était bien sur hors de question que j'en parle ce soir. Bien qu'épuisée de ma journée, et de mon état. Oui parfois le soir je ne me sens pas très bien. Et le matin. Mais pour le moment ça va. J'avais passé la journée dans ma cuisine, et il fallait que je fasse quelque chose. Même si ce soir, il ne se passera rien, je refuse qu'il me voit comme ça. Puis même j'aurai refuser que quiconque me voit comme ça au bar. Je pris donc une douche. Car oui, j'ai une petite chambre ici, et une petite salle de bain. Parfois quand je suis crevée, je reste ici, au lieu de rentrer chez moi. J'enfilais une robe d'été blanche, quelque chose de très printanier. Il fait encore bon pour le moment, alors autant en profiter. Je portais des chaussures noires à talons compensés. J'avais quand même mis une petite veste. Les cheveux lâchés tels qu'ils étaient. Je ne mettais pas une tonne de maquillage, juste une pointe de parfum. Je n'ai jamais été beaucoup maquillée, même si j'adore essayer tous ces produites.

Je marchais dans la rue, il n'y avait pas énormément de monde. Peut être parce qu'on était en milieu de semaine. Et que certaines personnes travaillent. Il y avait quand même quelques personnes. Pas mal de jeunes étudiants ravis de sortir de le soir et faire la fête. Je vis alors le Tchiky. J'entrais. Il y avait pas mal de personnes à l'intérieur. Je décidais alors de m'assoir dehors, à la terrasse. Une petite table de deux, juste à côté de l'entrée du bar. Un gentil serveur, vint prendre ma commande. Un coca s'il vous plait. Il me sourit et parti. En quelques secondes, il était déjà là. Non pas d'alcool, d'abord parce que j'en ai pas envie, ça risque de me rendre malade en ce moment. Et puis bon, il faut penser à tout … la bouche sur la paille, dans mon verre. Je buvais doucement, regardant tout ce qui se passait autour de moi. J'avais peur. Peur de le voir, de le revoir après tout ce qui s'est passé. J'espère que tout ira bien.

Il était difficile de définir les priorités de la journée lorsqu’on a la tête ailleurs, bien loin de ce qu’on devrait faire. Nick n’avait pas du tout été productif au bar, il avait fait tombé des verres, oublié des clients, bref, ce fut pour lui une journée des plus merdiques. Une chose le tracassait et ça, depuis plusieurs jours voir semaines même. Pourquoi est-ce qu’après tout ça, Juliet arrivait encore à être constamment dans son esprit ? Après tout, ils avaient rompus, ils auraient dû pouvoir passer à autre chose. Mais impossible, à croire que tout était impossible avec eux, surtout de se dire qu’on ne s’aimait plus lorsque la vérité était toute autre. A la fin de la journée, Nick avait pris la décision de régler tout ceci, il ne savait pas encore dans quel sens, il ne savait même pas s’il allait y arriver. Mais il envoya tout de même un message à Juliet, sans réfléchir, comme ça sur un coup de tête. Il ne fallait pas rester sur un mal entendu, c’était mal, surtout pour lui qui avait une peur constante de l’inconnu. Un bar semblait être un endroit approprié, pas trop intime pour ne pas refaire la même chose que la dernière fois. Non, là il fallait qu’ils parlent, qu’ils mettent les choses au clair pour leur bien mais aussi pour le bien des personnes qui les entouraient. Ils n’étaient pas seuls dans cette histoire au final. Sur la fin de soirée, Nick avait réussi à se concentrer, histoire de ne pas attirer les foudres de la patronne. Il n’avait pas envie de se faire virer, déjà parce que la boxe, c’était bientôt la fin et il fallait se nourrir après et même si les courses de voiture et le trafic rapportés pas mal, ce n’était que provisoire. Nick avait tellement eu d’ennuis lors de son adolescence avec toutes ces conneries qu’il n’avait pas envie de se retrouver en prison à 29 ans. Oh ça non, il avait encore toute la vie devant lui et hors de question de l’a passé derrière des barreaux.

C’était l’heure de partir du boulot et d’aller rejoindre Juliet. Anxieux, le jeune homme avait les mains moites et pourtant, ce n’était pas à son habitude de stresser. Loin de là mais Juliet avait toujours eu cet effet sur lui et ça n’avait toujours pas changé, malgré la séparation. Elle avait encore un grand pouvoir sur ses actes, ses paroles et ses émotions. Il avait rapidement enfilé sa veste en cuir noir, n’aillant pas du tout le temps de passer chez lui pour se changer. Il allait être en retard sinon et hors de question de la faire attendre. Il ne fallait pas commencer avec une mauvaise note. Dans sa voiture, Nick réfléchissait à ce qu’il allait dire mais au final, il savait pertinemment que tout ça ne servirait à rien. Elle lui faisait tout oublier en quelques secondes, rien que par sa présence. Il gara son auto sur le parking juste en face du bar. Une Chevrolet Impala, son petit bijou qu’il avait depuis ses 16 ans et avec qui il faisait ses courses illégales. Il tenait à cette voiture comme à la prunelle de ses yeux ! Tu l’as touche, tu meurs ! Tout simplement et autant dire qu’il en prenait grand soin. Le bar approchait doucement face à ses yeux tandis qu’il marchait. La tension montait quelque peu et quand il fut juste devant, son regard vagabonda sur la foule jusqu’à apercevoir cette silhouette qu’il ne connaissait que trop bien. Juliet. Le seul mot qui lui vint à l’esprit. Il avala difficilement sa salive et avança vers la jeune femme. En silence, il prit place face à elle et lorsqu’il posa son regard sur son visage, il ne put s’empêcher de sourire, comme à chaque fois qu’il la voyait. « Salut. » Nick ne savait pas du tout quoi ajouter de plus. Il posa ensuite ses mains sur la table et deuxième parole : « Tu vas bien ? » Banale, simple, vraiment, il ne savait comment s’y prendre.

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Salut. Lui répondis-je tout simplement moi aussi, en lui souriant légèrement à mon tour. Je trouvais ça terrible de se dire salut comme ça. Comme de vieux potes. Mais c'est une bonne chose aussi. Ça évite de se prendre la tête, d'imaginer des choses qui ne sont plus aujourd'hui. Il me demanda comment j'allais. Je le voyais gêné. Je décidais de ne pas montrer que je l'étais autant que lui. Je voulais qu'il me voit forte, que je pouvais surmonter les choses. Oui ça va. Longue journée au resto, mais ça va … Lui dis-je. J'étais contente de lui parler de mon restaurant. Je crois qu'il n'y est jamais venu. Je pensais que pour l'ouverture il viendrait, même si on était plus ensemble. Il savait que ça avait de l'importance. Je lui en avais un peu voulu, mais en fait je me dis que c'est pas grave, qu'après tout, il avait pas de raison de venir. Après tout je n'allais plus aux matchs de boxe non plus. Tu veux boire quelque chose ? Dis-je en faisant signe au serveur de venir. Et qui arriva très vite toujours en souriant. C'était agréable. J'aime les gens comme ça, qui sourient. Il travaille, il est tard, mais il sourit, heureux.

Quelques minutes de silence se faisaient, le temps que le serveur parte et revienne. Comme si on osait pas parler devant lui. C'était une sensation assez bizarre. Avant on hésitait pas à presque se sauter dessus en public. Aujourd'hui, c'est à peine si on ose se parler. C'est dommage. J'avais commandé un deuxième coca. Que je buvais encore une fois doucement à la paille. Comme une enfant, presque à faire des bulles dans mon verre. Puis je le regardais, là, en face de moi, silencieux. Il était beau. Heureusement que je me barre la route, et qu'on est en public. Il n'a pas eu tord sur ce coup là. Si on avait parlé en privé, je pense que ça aurait été comme la dernière fois. Et ça n'aurait pas vraiment fait avancer les choses. Alors, tu voulais me parler ? Lui demandais-je toujours en le regardant, curieuse. Je tendais la perche. Je n'avais pas envie qu'on passe des heures à cette table, à se regarder dans le blanc des yeux et à rien dire. J'ai toujours été un peu entreprenante. Même quand on était ensemble, parfois j'essayais de le bousculer. Et là je le fais encore.

Les choses étaient étranges, il fallait l’avouer. Se retrouver en ce lieu avec Juliet en face de lui, rappeler à Nick tellement de souvenirs qu’il avait essayé d’oublier avec le temps. Mais le temps n’efface pas tout. Il ne cicatrise pas toutes les blessures et rien que les traits du visage de la belle avaient réussi à les rouvrir. Nick en avait un pincement au cœur et des fourmis dans le bout des doigts. Elle répondit la même chose que lui, pour commencer. Un simple « Salut » comme se disent de vieilles connaissances. Rien de plus, rien de moins. Nouveau pincement au cœur, nouvelles fourmis dans le bout des doigts. Il lui avait demandé comment ça aller. Simple aussi. Pourquoi faire compliquer après tout ? « Oui ça va. Longue journée au resto, mais ça va … » Le bellâtre fit un signe de tête positif, ne trouvant rien à ajouter de plus. Oh si peut être, cette histoire de restaurant. Nick en avait entendu parler, à plusieurs reprises. Après tout, avec les années, tous deux fréquentaient les mêmes personnes, ils avaient les mêmes amis ou presque. Il avait voulu passer, plusieurs fois, mais jamais il n’avait eu le courage. Sans doute par peur de se faire jeter, Nick ne savait pas trop après tout. Il était simplement perdu ces temps-ci. Un léger sourire vint illuminer son visage et il ajouta : « Je suis au courant pour ton restaurant et … félicitations. » Nick était fier de Juliet, elle avait enfin réussi à réaliser son rêve après tout. C’était bien elle la plus forte des deux.

« Tu veux boire quelque chose ? » Nick entrouvrit légèrement la bouche, regardant Juliet. Non, il ne voulait pas vraiment boire quelque chose. En fait, il était bien trop nerveux pour avaler quoi que ce soit et Juliet avait de toute façon, déjà fait signe au serveur. Nick referma alors sa bouche et tourna les yeux vers l’homme, lui indiquant qu’il voulait une bière. Son péché mignon et de toute façon, il n’y avait que ça qu’il pouvait boire. Les minutes étaient longues et Nick ne savait pas quoi regarder. Enfin si, y avait toujours Juliet a regardé mais il n’osait pas. Et finalement, le serveur refit surface, apportant sa bière. Nick le remercia et tourna de nouveau les yeux vers Juliet qui brisa le silence. Enfin. Sans doute attendait-il cela ? Le jeune homme prit une gorgée de la boisson alcoolisé et fit un nouveau signe de tête positif, baissant rapidement le regard vers la table. « Euh … Ouais. » Hésitation mais il reprit rapidement. « Je voulais te parler de ce qui c’était passé la dernière fois qu’on s’est vu. Je sais … Je crois qu’on a fait une connerie. » Nick avait toujours été très maladroit. Surtout dans les mots qu’il utilisait. Connerie n’était sans doute pas le mot le plus approprié. Nick ne regrettait pas ce qu’il s’était passé, si c’est cela que vous vous demandiez. Non. Il avait juste la nette impression que ce n’était juste pas comme ça qu’ils auraient dû s’y prendre. Après tout, c’était finit. Ils avaient tous deux décidé de mettre un terme à cette histoire et là, ils retombaient dedans. Ils allaient refaire les mêmes conneries que dans le passé et ce n’était pas du tout ce que Nick voulait.

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Merci. Lui dis-je simplement en lui souriant doucement. Même si c'est un peu grâce à toi. Lui dis-je riant légèrement. Je ne parlais pas de notre rupture bien évidemment, je pense qu'il l'a compris. Mais lorsque l'on était ensemble, on passait toutes nos soirées tous les deux, chez l'un ou chez l'autre. Et je passais mon temps à cuisiner, et à me servir de lui comme cobaye. Il n'avait pas d'autres choix que de goûter. Il a eu droit à tout. Du réussi, comme du raté avec du cramé ou du trop sâlé, mais j'aimais l'avoir avec moi. Aujourd'hui, je me suis améliorée, et mes cobayes sont désormais mes clients. Même si j'aimerai qu'il vienne un jour. Tu pourras venir un jour si tu veux. Lui dis-je doucement, sincèrement. Je ne voulais pas qu'il pense que je veux à nouveau le garder tout prêt de moi tout le temps, bien que ce soit un peu vrai même beaucoup. Je le regardais souvent, entre le sourire et le malaise. J'essayais de regarder autour de moi, mais c'était difficile. Je le sentais tellement gêné. Je l'étais autant que lui, mais je le connais que trop bien. Je le vois qu'il est mal à l'aise. D'un sens ça peut paraître comme un bon signe, il est pas indifférent. Souvent il me regarde, et fuit mon regard, il assume pas de me regarder. Ou alors il me trouve trop moche maintenant je ne sais pas.

Je l'avais un peu secoué, lui rappelant qu'il m'avait faite venir ici pour me parler. Et la phrase que j'attendais arriva. La connerie. Sur l'instant ça me blessa quelque peu, sans m'en rendre compte je déviais mes yeux vers le bas. Quelques secondes avant, de relever mon regard. Je voulais être forte, je ne voulais pas qu'il me voit fragile, blessée. Même si c'était le cas. J'haussai juste les épaules, en lui souriant simplement aussi. Tu as sans doute raison. Lui dis-je doucement. Je n'allais pas m'énerver, juste parce qu'il me considère comme une erreur encore. Je n'allais pas lui dire ça, pas tout de suite, ce serait encore plus difficile. On est de grandes personnes. Ça arrive souvent que des exs recouchent ensemble, par un moment de faiblesse. On ne doit pas s'en faire pour autant. J'essayais d'être sincère en disant cela. Même si je ne le pensais pas vraiment. Enfin je pensais ce que je disais, on est des grandes personnes. Mais pour moi ce n'était pas juste une connerie. Ou alors la connerie, puisque ça a laissé des traces. Je ne parle pas que de ce bébé dans mon ventre, mais de mon cœur. J'ai ressenti tellement de choses ce soir là. Et ce soir là face à lui. Heureusement des gens passaient parfois me dire bonjour. Des amis, des connaissances. Et lui aussi serrait plusieurs mains. Même si certaines de ces personnes nous regardaient avec curiosité. Après tout il y a des mois, qu'on a pas été tous les deux ensemble, assis à la terrasse d'un bar à onze heure du soir.