on the other side of a downward spiral, my love for you went viral. (r)

on the other side of a downward spiral,
my love for you went viral.
w/ phoebe

Il attendait là, patiemment, que sa femme veuille bien lui adresser la parole à nouveau. Les disputes avaient débuté aux alentours de huit heures du matin pour une histoire de rendez-vous médical ou quelque chose dans le genre. Avant qu'ils ne quittent tous les deux l'appartement pour se rendre à leurs lieux de travail respectifs. Il était désormais neuf heures du soir, au moins et ils ne s'étaient toujours pas reparlé depuis. Ralph avait faim. Affreusement faim. Mais il était presque aussi fier qu'elle. Presque aussi fier qu'elle pour ne pas entreprendre d'engager la conversation le premier et lui demander si elle aurait l'amabilité de lui préparer quelque chose qu'il pourrait se mettre sous la dent. Il resterait silencieux, muet, terré à l'autre bout du canapé jusqu'à ce qu'elle se décide à faire le premier pas. L'ambiance était glaciale, pesante pour ne pas changer. Les seules personnages qui dégageaient ne serait-ce qu'une quelconque once de chaleur humaine, ici, étaient ceux ancrés dans le poste de télévision. Ces embrouilles permanentes avaient eu don de rendre le jeune homme, pourtant tout à fait aimable, irritable au plus haut point. Depuis qu'ils étaient mariés, il s'emportait pour un rien. Elle lui tapait sur le système nerveux. Au delà de la souffrance morale, ça en était presque devenu physique. Insupportable. C'est sans doute le terme qu'il aurait employé, dernièrement, pour la qualifier. Il quitta le canapé pour se diriger vers la cuisine. Il était incapable de se faire quoi que ce soit à bouffer, mais quitte à lui reparler le premier, il préférait manger de la "merde". Presque enfoui dans le frigo, il finit par attraper le paquet de jambon déjà entamé et s'appropria la baguette posée dans la boîte à pain. Contrairement à la plupart des Américains dignes de ce nom, monsieur n'était pas adepte de la malbouffe. Que ce fût avec sa mère ou bien même avec Phoebe, il avait toujours été habitué à de bons petits plats faits maison. Ainsi, après s'être concocté un petit sandwich sympa, qui n'assouvirait cependant pas sa faim, il revint vers sa Dulcinée, sans lui prêter un regard cependant. Au fond de lui, Ralph avait totalement oublié quel avait été le sujet de dispute du matin. Mais cela ne l'empêchait pas de lui en vouloir. Encore et toujours. Avec le temps, il était devenu presque aussi rancunier que sa jeune épouse. Et cela devait certainement le rendre exécrable aux yeux de cette dernière.

Phoebe n’avait aucune idée de ce qu’ils regardaient à la télé. Ses yeux étaient pourtant rivés sur l’écran, mais elle ne portait ni attention aux images, ni attention aux paroles. Les bras croisés fermement contre sa poitrine, elle était plus concentrée sur les bruyants soupires exaspérés qu’elle laissait s’échapper aux cinq minutes qu’aux dialogue de l’épisode. C’était pareil depuis des mois. Ils se chamaillaient et ils ne réglaient jamais leurs conflits. Parfois, c’était parce qu’ils devaient partir travailler, ou qu’ils n’étaient pas seuls. D’autres fois, c’était parce qu’ils étaient lâches et complètement épuisés de toujours tourner en rond, de se défouler sur la vaisselle et de crier jusqu’à en avoir mal à la gorge. Si ça se trouvait, les voisins étaient plus inquiets lorsque leurs deux voitures étaient garées devant l’immeuble, mais que personne ne les entendait. Elle se préparait ce discours dans sa tête. Chaque réplique, dite calmement, parce qu’elle ne cherchait pas à empirer la situation avec son mari. Elle ne voulait qu’enterrer la hache de guerre, chose qui semblait de plus en plus impossible. Mais elle voulait qu’il comprenne qu’il était dans le tort. Comme toute les fois. Phoebe décida de retirer cette dernière phrase de son discours. Elle prenait ses messages, lui laissait des notes un peu partout, des messages sur son téléphone et il trouvait le moyen de la regarder avec des yeux ronds, complètement perdus, lorsqu’elle lui demandait s’il avait rappelé le médecin. Elle mourait de faim. Mais elle savait aussi pertinemment que Ralph devait être au point de lui demander si elle avait quelque chose en tête pour le repas. Il pourrait engager la conversation. Peut-être qu’il serait moins sur la défensive si l’initiative venait de lui. Peut-être pas, aussi. Ils avaient tout essayé et, peu importe la façon dont la discussion commençait, elle se terminait par des cris, des pleurs ou des claquements de portes. Phoebe regardait Ralph du coin de l’œil quand il se leva d’un bond et parti vers la cuisine. Phoebe faisait mine d’ignorer son changement d’activité alors qu’il passait devant elle en quittant le salon, mais, une fois passé, elle le suivi du regard. Quelques instants plus tard, l’estomac encore plus dans les talons qu’avant à entendre Ralph jouer dans le frigo, il refit son apparition, une assiette à la main. Elle tourna son corps vers lui et le regarda attentivement alors que Ralph continuait d’ignorer sa présence avec brio. Elle rit, plus blasée qu’amusée. « C’est fou. Pendant une fraction de seconde, j’ai vraiment cru que tu allais nous préparer à manger. » dit-elle en appuyant le ‘nous’. Et elle se sentait blessée à cause d’un malheureux sandwiche. Lui qui, autrefois, était plein d’attentions délicates envers elle. Elle qui essayait, encore aujourd’hui, malgré leurs disputes, de s’occuper de lui comme elle le faisait avec tant d’amour. Elle secouait la tête légèrement et se retourna vers le téléviseur. « C’était idiot de ma part. » souffla-elle à voix basse. Tout comme elle était idiote de continuer de s’accrocher à une relation qu’elle-même menait à l’échec.

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