(silley) ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants.

w/ silley ♥

le mari fou du coin a écrit:

Nous avons l'honneur de vous inviter à notre mariage, qui aura lieu samedi, à quatorze heures à Ellabell Park. C'est avec une grande joie que nous attendons votre venue, pour célébrer le jour de notre amour.
Une tenue correcte est cependant exigée, le plus cadeau sera votre présence.

A samedi, cher invité.

Voilà ce que j'avais reçu vendredi, dans ma boite aux lettres, avec surprise. Je ne connaissais pas grand monde en ville, du moins, je ne connaissais pas assez de monde pour me faire inviter à un mariage, aussi magnifique soit-il. Peut-être s'agissait-il d'un canular ou d'une blague ? Une erreur, sans doute. Bref, j'avais déposé ce curieux faire part sur un coin de la table avant de m'affaler sur mon lit, directement, en passant par la case antalgiques et whisky, pour faire de jolis rêves. Il était plus éprouvant de jouer les professeurs que de faire le chercheur, perdu au Kenya. Je ne connaissais même pas ce parc, enfin, je n'y avais jamais mis les pieds. En théorie, je connaissais la ville, mais en pratique, je pouvais me perdre aussi facilement que Thésée dans le labyrinthe. Je n'avais ni fil d'or, ni une Ariane pour m'aider. Remarque, je doutais qu'il existe un minotaure dans cette ville même si plus rien ne m'étonne. J'étais curieux d'y aller, une telle invitation, aussi, cela ne pouvait se refuser. Je n'avais plus qu'à trouver un cadeau, pour ne pas etre le seul invité -probable- à arriver les mains vides. Sous peine de souffrir du regard réprobateur de mes homologues inconnus. Alors, j'avais trouvé une simple babiole, qui pourrait leur être utile : une bonne bouteille de Bordeaux. Je ne savais pas du tout quoi leur prendre, je ne les connaissais pas et franchement, les raisons d'un cadeau m'échappaient. Sous prétexte que l'évènement était important, il fallait trouver la chose parfaite. Mais.. Nous ne sommes que de simples humains. Je savais que le service à raclette pouvait être une bonne idée, une très bonne idée même. Il fallait croire que le don de soi et de son amour n'étaient plus suffisants. Je sortis mon carnet, en m'approchant du lieu en question, afin de noter quelques remarques sur les invités, leur comportement. Je ne connaissais aucune personne et ne devais absolument pas me faire remarquer, mais seulement observer. C'était en partie pour cela que j'étais payé -oui, c'est possible.

Je me plaçais près de la sorte de buvette, se trouvant elle-même à proximité d'une fontaine. Vêtu d'un simple costume gris avec une chemise claire, j'avais l'impression d’être un pingouin albinos. Ma main gauche dans ma poche, comme d'habitude, jouait nerveusement avec une pièce, j'observais la scène, débordant de bonheur et d'amour. C'était ce qui me fascinait dans ces moment-là, les personnes oubliaient leur petits tracas pour s'occuper de la joie générale, pour assurer une bonne ambiance. Et quelle ambiance, je sentais venir la fameuse danse, qui serait probablement un slow ou une danse traditionnelle, et j'étais imbattable à ce niveau-là. Légèrement appuyé contre la paroi, je faisais le parfait figurant, applaudissant, souriant. Et puis, alors que tout le monde se rassemblait pour les traditionnels discours de témoins, quelqu'un vint à mon bord. Au début, son visage ne me disait rien. Une jeune femme blonde, assez agréable à regarder, qui savait surtout attirer le regard sur elle. Le genre légèrement narcissique mais assez sympathique pour aller à un mariage et faire acte de présence avec de grand sourire et autres. Et puis, plus je la regardais et plus son visage me disait quelque chose... Si.. Sillonie ? Silley ! Effectivement oublier une telle personne ne pouvait être possible. J'entrouvris légèrement la bouche, marque de ma surprise de la voir ici, en Géorgie. Remarque, il me semblait qu'elle était originaire de cette ville. Je pris une longue gorgée de mon champagne avant d'oser lui adresser la parole, après quelques années d'absence. C'était les inconvénients des relations par internet, les liens se font aussi vite qu'ils se terminent, en général. Mais quelque chose me disait que nous sortirions bien vite de ces banalités. « Hm.. Silley ? » Je fis alors un pas en sa direction, pour voir si la jolie blonde se souvenait de moi, probablement pas et qui pourrait lui en vouloir ? « Ca fait longtemps ! » Pas terrible comme approche pour quelqu'un qui étudie les rapports sociaux entre les personnes... J'arborais un large sourire, heureux de la revoir. Il était rare que je m'accroche aux gens mais Silley et nos conversations, c'était tout simplement un phénomène unique. Est-ce que nos retrouvailles allaient l’être aussi ?

w/ silley ♥

Silley et moi, une histoire brève mais intense. Enfin, une amitié plus ou moins brève et plus ou moins intense. Je ne croyais pas vraiment en la sincérité d'une amitié "virtuelle" et pourtant, elle fut aussi forte qu'une dite réelle. C'est une distinction assez étrange, virtuelle, réelle... Merde, on est tous en chair et en os derrière l'écran, non ? Bon, et en bons êtres humains que nous étions, rien n'était parfait. Tout se défaisait pour se refaire, ainsi le monde était fait. Notre amitié, aussi intense et complice ait pu t-elle être, n'avait pas résisté aux affres de la vie et de ses obstacles. Elle, avait ses études littéraires et moi et bien, l'instabilité par nature. Pourtant, malgré les années et le temps, je ne l'avais pas oubliée. Fallait-il voir en ce faire part comme un signe du destin ? Les gens ont besoin de se référer à une autorité supérieure, pour certains, il s'agit de Dieu, pour d'autres du hasard et pour d'autres encore, il s'agit de leur mère. Une seule chose était certaine, c'était que ce jour n'était pas banal. J'avais tendance à croire que tout ce qui concernait Silley, ne l'était pas. Nous avions été proches malgré les milliers de kilomètres de distance. Je n'étais pas doué dans les rapports sociaux, entretenir une relation... Une vraie catastrophe. J'en avais fait les frais avec la jolie blonde, mais aussi avec à peu près tout le monde. Ce n'est pas toujours évident de donner de ses nouvelles lorsqu'on est de l'autre coté du globe. J'avais essayé, mais il fallait se rendre à l'évidence : la vie avait prévu des chemins bien différents pour nous. Et comme elle adore jouer, elle avait décidé de nous réunir à nouveau... à un mariage. Il y avait pas mal de choses qui m'échappaient mais bon, parfois, il valait mieux ne pas se poser de questions. La cérémonie suivait son cours, je l'observais du coin de l'oeil. La dose d'amour était telle que j'en avais la tête qui tournait. Non pas qu'il s'agisse d'une allergie mais lorsqu'on sait qu'un mariage sur deux fini en divorce, qu'il est quasiment impossible -pour certains- de rester fidèle et sincère, je me demandais à quoi rimait cette mascarade. Enfin, ce jour était le leur et, espérons qu'ils aient l'occasion d’être une exception sociologique. La théorie, encore et toujours la théorie. La pratique ? Jamais, jamais, jamais. Autant se passer la corde au cou en même temps que la bague au doigt. Mais le mariage était somptueux, et c'était l'endroit rêvé pour quelqu'un comme moi. Un mec bizarre, qui observe. Je restais pourtant presque frigide à tout cet amour, n'y comprenant que l'aspect théorique, la pratique n'étant qu'un vaste souvenir. L'amour, l'amitié. Au final, les effets sont semblables. En voyant Silley, un large sourire s'était dessiné sur mes lèvres, à croire que je venais de voir la femme parfaite, l'amitié de ma vie, le seul et unique ! En vérité, j'étais heureux de la voir, après tout ce temps et surtout, de la voir ici, par hasard. Il fallait cependant croire que le plaisir n'était pas réciproque. Quoi de plus normal, après tout, je n'étais qu'un fantôme virtuel. -« C'est vrai, il faut toujours se méfier des faire parts envoyé par erreur. » Sous mon air faussement dépité, je ne faisais que réagir à sa remarque. La joute verbale ne faisait que commencer, car Silley et moi avions un point commun : nous détestions avoir tort et perdre. Je ne la regardais pas, fixant mon attention sur le mariage. Je finis mon verre de champagne d'un coup sec et tournai la tête en sa direction, avec un regard plein de jeu et de malice. Je déposais ce meme verre vide sur le plateau d'un des serveurs et pris deux coupes à la volée, en tendant une à la jeune femme. Je remarquais alors toute son élégance ainsi que son charme. Pas d'alliance ? Le monde ne tournait pas rond, à moins que ce soit elle, ou probablement les deux... « Un peu plus et la mariée aurait pu faire partie du décor. » Une façon comme une autre d'offrir un compliment, sans pour autant se compromettre. J'étais joueur et je franchissais souvent la limite, sans vraiment le vouloir, mais cela finissait toujours par arriver. A force de trop faire attention à ne pas poser les pieds au mauvais endroit, je finissais par tomber bien bas. Pourtant, la tribu des Mashco-Piro en Amazonie appréciait ma compagnie, au point qu'ils m'avaient offert la cérémonie du supplice des insectes, pour devenir un homme. Non, il s'agit bien d'un honneur et non pas d'une punition, tout comme cette joute verbale.