~ hush, hush, darling. (r)

DON'T SPEAK, I KNOW WHAT YOU'RE SAYING
SO PLEASE STOP EXPLAINING. DON'T TELL
ME CAUSE IT HURTS. DON'T SPEAK.

Il avait dit sortons prendre le petit déjeuner dehors et elle avait dit oui. Théoriquement elle ne savait pas bien pourquoi. Ses pieds douloureux lui rappelaient à tout instant la soirée affreuse qu’elle avait passé la veille. Rien ne la prédestinait ainsi au départ. Certes, ça n’aurait pas été la soirée du siècle mais tant que Léo était avec elle, peu lui importait. Elle pouvait se permettre autant de messes basses sur la robe un peu trop courte de la dernière arrivée ou des regards étranges que s’échangeait des hommes mariés. S’y rendre seule n’aurait pas été une catastrophe, elle en avait l’habitude de ces soirées de gala mais elle s’était fait à l’idée qu’il serait avec elle et il était parti. Encore. Il allait finir par la rendre folle. Elle allait finir par la rendre marteau. Avec ses appels incessants, ses invitations à souper, ses chaines de mails et cette emprise qu’elle avait sur Léo. C’était harassant, comme s’il ne lui appartenait pas vraiment, comme s’il ne s'appartenait plus lui-même. C’était ridicule, d’avoir à ce point peur de rembarrer sa mère mais elle ne disait rien. Du tout. Elle avait à peine prononcé deux phrases depuis leur réveil. Elle ne voulait pas lui en vouloir, la famille comptait énormément pour lui et elle pouvait comprendre mais elle ne s’était pas engagé avec sa mère aussi. Lorsque Léo arriva avec leur commande qu’il posa sur la table, elle lui adressa un léger sourire de remerciement. La vérité était qu’elle ne savait tout simplement pas quoi dire. Elle ne voulait pas qu’ils se disputent encore mais cette situation était invivable, pour chacun d’eux. « Merci. » Bien installée dans un petit box à l’écart, elle attrapa son jus de fruit et son muffin aux framboises qu’elle émietta pour le gouter. Délicieux. Elle retardait l’inévitable, parler. Dans son état, ce n’était pas conseillé. Elle n’était que boule de nerfs prête à éclater à tout moment et sous aucun prétexte Léo ne devait être témoin de ce craquage de plomb précis.

« Alors, ta mère va bien ? » Autant pour la retenue, son ton presque cassant la trahissait bien plus que ses mots. Oui, elle en voulait à cette femme de lui piquer son homme, à Léo de se laisser faire et à elle-même de ne pas trouver un moyen de gérer tout ça. Mais elle n’était pas préparé, partager elle n’avait encore jamais eu à faire cela auparavant et à priori, elle était loin d’y être douée. « Excuse moi, mauvaise nuit. » Pour le moins vrai par ailleurs. Mais déclencher une dispute ne rimait à rien, en public qui plus est. Ils étaient tous les deux adultes, enfin du moins elle devait l’être pour deux donc elle pouvait bien essayer. « Tu as entendu la nouvelle chanson de Céline Dion ? J’aime bien quand elle chante français. » C’était ce que l’on appelait un retournement intégral. Elle y avait mit autant de conviction dont elle était capable ce qui se résumait à un petit hochement de tête à la fin et un coup d’œil vers le brun comme si sa réponse l’intéressait réellement.

Il s'en voulait de l'avoir laissée en plan la veille. Leo avait assuré qu'il serait aux côtés d'Olivia pour toute la soirée à cette dernière et n'avait sut tenir sa promesse. Sa mère l'avait appeler et, en bon fils, il avait répondu présent quand elle lui avait demander de passer chez elle. Sa présence n'était en rien urgente, il l'avait réalisé en passant le pas de la porte d'entrée de la maison ou il avait passer toute son enfance. Sa mère était simplement en train de ranger sa chambre d'enfant et avait rassembler quelques vestiges de cette période de sa vie dans un carton. Au final, Leo avait but un café en sa compagnie, embarqué le carton et était rentré. Depuis, Olivia lui adressait à peine la parole. Quand il avait voulu la câliner dans le lit, elle s'était montrée distante, fuyant ses bras. Alors qu'il ramenait leur déjeuner, il vit que les choses n'avaient guère évoluées. Frustré, il accueillit son remerciement peu convainquant d'un bref regard. Il attrapa un biscuit et mordit dedans. Ne sachant guère que dire, il prit une nouvelle bouchée avant de laisser tomber le reste du gâteau sur une serviette en papier. Il leva les yeux vers Olivia mais ne parla pas pour autant. Il porta son gobelet de café à ses lèvres et en but une longue gorgée. Il arqua les sourcils face à cette tentative aussi brutale de changement de sujet. Je... Commença-t'il en arquant les sourcils. Il n'aspirait pas à discuter de ça alors que, de toute évidence, des paroles plus importantes devaient être échangées. Il ne termina pas sa phrase finalement et reposa son café sur la table. Tu m'en veux pour hier soir ? Demanda t'il finalement. Il n'avait pas envie de retarder le moment ou ce sujet serait mis sur le tapis. Il voulait en venir vite aux sujets qui fâchent car plus que tout en cet instant, il désirait passer à autre chose. Il était prêt à tout pour détendre l'atmosphère. Je suis désolé, j'aurais aimé rester avec toi, mais tu connais ma mère, elle n'aurait jamais lâché l'affaire... Leo roula des yeux. Sa mère état une femme aimante, très maternelle, ainsi que terriblement bornée. Il la connaissait suffisamment pour savoir qu'elle aurait insisté jusqu'à ce qu'il vienne. Il avait simplement voulu s'épargner cela.

Et il osait demander si elle était fâchée. C’était un peu comme demander à bob l’éponge s’il était stupide. Ceci dit, elle arriva à se raisonner en se disant que s’il n’en était pas certain, c’était qu’elle avait réussi à cacher ses sentiments les plus évidents et à donner le change. Enfin, vaguement. Elle en était la première étonnée mais après tout, l’homme n’était pas toujours très à l’écoute pour ce genre de choses. Du coup, Olivia ne savait pas vraiment quoi répondre. Si elle lui disait non, c’était clairement lui mentir et elle n’aimait pas ça, pas ça du tout. Mais si elle disait oui cela impliquait qu’elle éprouvait à dose assez élevée de la jalousie envers sa belle-mère et c’était déjà affreux dans son esprit alors elle n’osait imaginer ce que cela pouvait donner si cela passait ses lèvres. La blonde ne prit que quelques secondes pour trancher et choisit l’option c avant de bloquer ses paroles et haussa vaguement les épaules, l’air le plus neutre qu’elle avait en rayon. C’était une bonne réponse, le petit geste qui ne l’engageait à rien du tout, ni totalement oui, ni totalement non. Oli n’avait pas la moindre envie de polémiquer plus longtemps sur le sujet, mémo qui n’était pas parvenu jusqu’à Léo qui s’empressa de s’excuser. Tout à son honneur, certes mais elle en avait ras le bol qu’il s’excuse à longueur de temps. « Tu te rappelles toutes ces filles, celles qui disaient que tu passais trop de temps avec moi, que je t’accaparais totalement ? » Et dieu qu’il y en avait eu. Du moins c’était l’impression qu’elle avait. « J’ai l’impression d’être devenue le même genre de fille. Toujours à râler, à bouder pour un rien. » Et elle se détestait pour cela. Et si cela continuait, elle le détesterait bien assez vite aussi. « Je voulais qu’on passe cette soirée ensemble Léo. Vraiment. » Et voila de retour la geignarde Olivia, un cadeau tombé du ciel. Argh, elle détestait cela, devoir tourner autour du pot, quoi dire, quoi garder pour elle. « J’aime beaucoup ta mère, tu le sais, mais c’est ta mère ! » Elle fit les gros yeux sur la répétition histoire de bien souligner l’idée. Elle n’était pas sensé interférer autant dans la vie de son fils. L’américaine s’accaparait quelque peu la conversation mais elle en avait gros sur le cœur de tout ça et ça commençait à faire beaucoup. « Je t’aime Léo. Vraiment. Mais tu imagines un jour sis on à des enfants ? Tu imagines faire vivre ça à tes enfants ou voir ta mère répéter la scène avec nos enfants ? » Tout bonnement impossible. Olivia ne lui laisserait jamais faire ça à ses petits bouts de choux c’était évident mais elle voulait seulement pointer du doigt ce qui clochait, ce qui devait être arrêté.

Bien que s'attendant très bien aux mots qui sortirent de la bouche d'Olivia, ces derniers brusquèrent malgré tout Leo. Cette discussion n'allait guère être plaisante pour lui. Il la détestait d'hors et déjà et aurait aimer ne pas avoir à s'y aventurer. Malheureusement, il semblait évident qu'il ne pourrait y échapper. Il fronça les sourcils, serrant son gobelet de café brulant entre ses doigts tout en écoutant d'une oreille attentive la voix d'Olivia. Il tâchait de contenir en lui sa frustration. Finalement il grimaça face à la dernière remarque qu'elle fit. A t'entendre ma mère est une femme horrible dit-il d'un ton qui sortit comme plutôt sec. Il était blessé d'encaisser ainsi des critiques et ne pouvait s'empêcher de prendre la défense de sa mère. Bien sûr, cette dernière n'était pas parfaite. Cependant, Leo lui trouvait également chaque jour de nouvelles qualités. Etant son fils, il n'était peu être pas des plus objectifs, mais ne le reconnu pas. Qu'est-ce que je devrais faire selon toi ? Demanda Leo en arquant les sourcils, écartant avec sa main son café. Il n'attendait pas de réponse, il désirait simplement s'exprimer. Ainsi, il reprit la parole, ne laissant guère le temps à Olivia de répliquer quoi que ce soit. Je ne peux pas pousser ma mère hors de ma vie. Elle y est peu être un peu trop présente et, crois moi, j'aimerais beaucoup qu'elle soit un peu moins sur mon dos, mais je ne peux pas simplement couper les ponts avec elle. Continua Leo. Il parlait vite, comme si, en s'arrêtant, il risquait de ne plus retrouver le fil du flot de paroles qu'il déversait. Un torrent légèrement amer dans sa bouche. Il avait toujours sentit que sa relation avec sa mère déplaisait à Olivia mais il avait toujours espéré, peu être un peu naïvement, que cela ne devienne jamais trop difficile à vivre. Il en était pourtant là aujourd'hui et cette position particulièrement inconfortable l'inssupportait tout bonnement. Il se sentait totalement coincé entre Olivia, une fille pour qui il avait commencer à avoir le béguin des années auparavant et ce même s'il ne se l'était avoué que bien tard et qu'il aimait aujourd'hui d'un amour plus sincère que celui qu'il avait ressentit pour toutes ses anciennes conquêtes réunies et sa mère. Il reconnaissait bel et bien que sa mère était trop récente. Lui même se sentait fréquemment dans la peau d'un gamin tant elle abusait des appels et prenait sans arrêt de ces nouvelles. Cependant, étais ce une raison pour lui en vouloir ? Il ne parvenait pas à s'imaginer en train de formuler un reproche pareil à sa mère. Leo était bien conscient d'exagérer. Sans doute était-il un peu trop excessif. Bien sûr, Olivia ne lui demandait pas de tirer un trait sur sa mère, mais il était désormais sur la défensive et peinait beaucoup à se calmer. Dans ce but, il termina son biscuit en vitesse puis essuya rapidement sa bouche avec sa serviette, se débarrassant de quelques miettes. Il avait besoin de le savoir. Savoir ce qu'on attendait de lui exactement et si Olivia était en mesure de comprendre son ressentit et ce malgré sa lassitude vis à vis de la situation actuelle. Tu le comprends ça, ou non ? Demanda t'il, toujours aussi irritable.

Ils n’étaient pas en phase, loin de là. Ils ne se comprenaient pas et Olivia parlait pour ne rien dire. Ou du moins en avait-elle l’impression. Tout ce qu’elle disait été retenu contre elle, elle aurait du garder le silence c’était certain. Léo prit immédiatement la mouche ce qui mettait mal à l’aise la jeune femme. Elle n’aimait pas qu’il se fâche, à plus forte raison contre elle. Parce qu’elle l’aimait. Passionnément depuis déjà quelques années et ne voulait pas tout gâcher. « Ce n’est pas ce que j’ai dit et tu le sais très bien. » Il partait au quart de tour, comme elle et pour le coup ils faisaient tout deux crisser l’asphalte. Elle s’était peut-être mal exprimée mais l’essentiel y était. Il n’y avait pas grand-chose à dire si ce n’est qu’elle était là. Tout le temps. Que c’était trop. Mais ces quelques mots ne sortiraient pas de sa bouche, c’était trop violent, trop brut. Il s’était déjà emporté avec le peu qu’elle avait pu dire alors le reste… Ce qu’il devait faire ? C’était simple, elle avait une liste. Une véritable liste enfouie dans son agenda. Elle ressassait leur relation à longueur de temps et coucher ses idées par écrit l’aidait en général aussi l’avait-elle fait. Même si elle aurait voulu le lui dire, ce qui n’était pas le cas, il reprit avant elle, la laissant encore plus sur les nerfs qu’elle pouvait l’être. Elle ne lui avait jamais demandé de couper les ponts avec elle, jamais. Pour ce qu’elle en devinait il faudrait que l’un des deux succombe pour que ce soit le cas, de préférence sa mère si d’aventure cela devait se produire. Elle n’était pas idiote, la sortir complètement de sa vie était une erreur de toute façon, la famille c’est la famille. Le regard qu’elle lui lança fut glacial, s’il la pensait sans cœur c’était qu’il ne la connaissait pas aussi bien que cela. Finalement elle baissa les yeux et observa le muffin qu’elle n’avait mangé mais passablement éventré. Il n’en restait que des miettes, sa frustration n’ayant de cesse d’augmenter. Il demandait si elle comprenait pendant qu’elle faisait un petit tas des miettes. Olivia sentit la fatigue et la lassitude lui tomber dessus. Non, non elle ne comprenait pas. Elle ne lui était pas acquise. Elle n’avait pas à accepter toutes ses défections pour des raisons insensées. « Bien sur. » Elle hocha la tête, lèvres serrées, ton le plus neutre possible. Cette conversation ne menait nulle part, elle était exténuée et pouvait dire des choses qu’elle regretterait. « Gavin nous a invité à diner demain. » Autant partir sur autre chose. Nouvelle technique, qui pourrait facilement se retourner contre elle. « Il m’a fait danser hier, j’ai accepté. » C’était la pure vérité, bien que ce soit en tout bien, tout honneur, ce qu’elle se garda de préciser. « Je lui ai dit que tu devais manger chez ta mère, elle t’a invité l’autre jour non ? » Comme si Olivia ne le nourrissait pas assez, ou trop mal. « Il a dit que ce n’était pas grave, qu’il ferait une réservation pour deux au William. » Restaurant de fruits de mer sur la marina, il était connu pour ses prix quelques peu élevés et son ambiance très romantique. « Tu comprends n’est ce pas ? » Elle n’utilisa pas tout à fait les mêmes mots que lui mais c’était plus fort qu’elle, comme si elle était stupide.

Leo détestait se voir réagir ainsi cependant c'était bien plus fort que lui. Il était comme ça bien simplement. Déjà gamin, il se braquait pour un rien, ne tâchant guère de comprendre quoi que ce soit, trop occupé à être sur la défensive. Alors, il ouvrait la bouche et parlait. Des phrases qu'il avait penser mais, qu'avec du recul, il n'aurait jamais dit à voix haute. Il se connaissait très bien et le savait, cependant il ne parvenait pas à se taire, les mots lui échappant. Malheureusement pour lui, Olivia était-elle aussi bornée. Elle voulu parler, il la devança en continuant de le faire. Puis elle parla et Leo leva les yeux au ciel. Il commençait à la connaître suffisamment pour séparer la vérité des mensonges. Il décida de ne pas rétorquer quoi que ce soit, afin de ne pas empirer la situation. Avec ses mains il rassembla les miettes laissées par son biscuit en un petit tas. Il avait besoin de faire quelque chose, n'importe quoi et il s'agissait de la première chose qui lui était venu à l'esprit. Sa mauvaise humeur le rendant impatient, il s'arrêta avant d'avoir ramasser toutes ses miettes. Il écouta la voix d'Olivia, tête baissée. Il n'aurait sut dire pourquoi mais l'idée de la regarder dans les yeux en cet instant le rendait nerveux. Peu être car il n'avait nullement envie de reconnaître qu'Olivia avait raison au sujet de sa mère et qu'il savait pertinemment qu'il s'excuserait s'il croisait son regard. Les paroles prononcées par Olivia l'aidèrent à surmonter sa brève hésitation. Il eu un léger qui, s'il y aurait put y ressembler de loin, ne ressemblait en rien au sien car imprégné d'une lourde couche d'amertume.

Elle était futée et savait le toucher au mauvais endroit. Leo releva la tête doucement et vint affronter son regard. Bien évidemment, elle était satisfaite. Leo se mordilla la lèvre, et feignit de sourire mais celui-ci était bien terne. C'est totalement différent. Dit-il en passant une main dans sa chevelure brune, geste qu'il faisait en permanence quand une situation prenait un tournant déplaisant pour lui. Bien sûr, Olivia savait cela. Le réalisant et comprenant que ce genre de détail allait se retourner contre lui, il laissa retomber sa main sur la table. Il y a une différence entre accepter de dîner chez ma mère, car justement elle est ma mère et que je sais que ma présence lui fait plaisir et accepter de dîner avec un mec qui pense sans doute qu'il y a un truc entre vous vu qu'il veut t'emmener dans un restaurant qui est absolument tout sauf adapté pour un dîner entre amis. Car oui, il n'y avait pas moins subtil dans le choix d'un restaurant et bien sûr, ce détail était encore intentionnel, choisit spécialement pour le faire sortir de ses gonds. Leo haussa les épaules, geste qu'il voulu désinvolte sans parvenir à dégager cette impression. Mais va-y, dîne en amoureux avec ce mec si tu le souhaites. Il aurait aimer que sa jalousie ne soit pas si perceptible dans le moindre de ses gestes. Il luttait en effet pour maintenir sa main sur la table, son regard était légèrement fuyant et, de son autre main, il serrait son gobelet de café si fort que la chaleur de ce dernier lui brûlait la peau. Il ne pensait pas être un si mauvais acteur, mais le fait qu'Olivia le connaisse aussi bien rendait chacune de ses tentatives affligeantes.

Ils s’étaient déjà disputé à peu près un millions de fois depuis le moment où ils s’étaient rencontrés mais aucune n’arrivait à la hauteur de celle-ci qui trainait en longueur depuis déjà bien trop longtemps. Ils en parlaient, ils s’engueulaient, ils laissaient tomber et y revenait encore plus frustré, encore plus énervé. C’était un cercle vicieux qui n’avait besoin que d’un rien pour se rompre. En général ils mettaient tout à plat, gueulaient un bon coup, se faisaient la gueule pendant dix minutes et c’était reparti mais là, là c’était impossible. Chacun campait sur ses positions, ne lâchant pas le moindre centimètre de terrain. Comme voulu, ses paroles touchèrent Léo en plein cœur et ce dernier releva la tête pour croiser son regard. Petite victoire dans laquelle se complaisait Olivia. Il fallait dire qu’elle n’en avait pas beaucoup ces derniers temps. Pour autant elle se sentait presque sale de devoir capter son attention ainsi, le rendre jaloux, lui montrer ce que cela faisait de se sentir mit au deuxième plan. Si c’était la seule chose qui pouvait lui faire réaliser qu’il exagérait avec sa mère alors elle le ferait mais elle n’en était pas fière, loin de là. Il n’aimait pas cela, elle pouvait le lire à son comportement mais surtout dans ses yeux. Sa victoire s’effrita doucement lui laissant un gout amer. Bon sang, elle ne voulait pas le tromper, elle n’avait pas la moindre envie de diner avec ce type même et elle n’en revenait pas qu’il tombe tout droit dans le panneau. Mais le piège était lancé et elle ne pouvait plus faire machine arrière. « En réalité c’est quasiment la même chose si. » Elle n’eut pas le temps de plus argumenter qu’il expliqua justement en qui le tout était complètement différent. Olivia hochait la tête, les sourcils froncés comme si elle n’en avait absolument cure de ce qu’il disait. Et n’attendit pas deux secondes pour répliquer, calme et parfaitement maitre de ses moyens. « Il t’avait invité aussi donc si quelqu’un laisse un message ici c’est toi. Après si ça dit, je t’en prie, je dois voir ma mère, occupe toi de ma petite-amie à ma place c’est de ton ressort. » C’était un coup bas, et elle-même avait l’impression d’aller trop loin mais bon sang, elle voulait tellement qu’il comprenne, qu’il réalise à quel point elle se sentait délaissée parfois. « Et je ne te demandais pas la permission mais c’est vraiment aimable à toi de me l’accorder. » Beaucoup moins maitre de ses sentiments cette fois ci, elle oscillait entre la parfaite comédie et ses profonds ressentiments. « Tu penses que je devrai mettre ma robe courte rouge ou la bleue qui est légèrement décolletée ? » Son côté garce reprenait du terrain, surtout en pensant que la rouge était celle qu’elle avait mit lors de son tout premier rendez-vous avec Léo et la bleue celle qu’il préférait. Mais elle voulait qu’il craque, qu’il annule avec sa mère, qu’il lui dise qu’il préférait passer la soirée avec elle.

La jalousie naissant en Leo réduisit considérablement son obstination à vouloir avoir raison. En cet instant, il en voulait beaucoup à Olivia. Non pas de lui reprocher sa relation mère-fils très forte mais bien de le pousser ainsi au pied du mur. Elle connaissait ses faiblesses et les utilisait pour obtenir de lui exactement ce qu'elle voulait. Bien qu'il ne se sentait guère capable de le formuler à haute voix, il reconnaissait sa mauvaise foi. Sa mère avait bel et bien une insupportable tendance à le traiter comme un enfant, comme sa propriété et lui même se sentait considérablement étouffé par moments. Cependant, il n'avait jamais put se résoudre à faire preuve d'honnêteté à ce sujet avec elle. Il n'y parvenait pas. Il ne voulait pas blesser qui que ce soit. C'était vers cela qu'Olivia l'orientait. Elle poussa son petit jeu jusqu'à lui demander ses conseils sur sa tenue. Il la visualisa dans les deux robes en question et il céda brusquement de se battre, ne supportant plus la perspective d'imaginer Olivia aux côtés d'un autre homme que lui. Très bien. Dit-il. Il employa un ton plutôt neutre mais l'expression de son visage en dévoilait suffisamment sur son état. Tu as gagné. Franchement, tu penses que je préfère dîner avec ma mère et devoir lui raconter ma journée en détail comme si j'avais huit ans plutôt que de passer mon temps avec toi ? Bien sûr que je veux rester avec toi. Sa réponse aurait pu être belle si il ne la prononçait pas sur un ton aussi blessé. Blessé de devoir ainsi trancher entre sa mère et Olivia. Avait-il franchement besoin de le faire ? Il ne regardait plus Olivia, son regard devint fuyant. Il n'était non seulement pas fier d'avoir lâché l'affaire, bêtement blessé dans son égo, mais avant tout il n'était pas heureux de la situation actuelle. Bien sûr, la perspective d'une soirée avec celle qu'il aimait l'enchantait, cependant la façon dont il l'avait accepter lui ôtait toute joie. Elle avait dut lui forcer la main, titiller sa jalousie pour lui faire accepter. Il aurait aimer dire oui de suite. Il aurait aimé ne pas avoir à prendre une décision pareil. Il fit glisser sa main sur la table pour venir la déposer sur le tissu de sa poche dont il sortit son portable. Je vais annoncer la nouvelle à ma mère. Expliqua t'il d'un ton dénué d'expression, du moins c'est ce qu'il espérait. Il tapa rapidement un message, n'étant pas d'humeur à parler de vive voix, pressa la touche envoyer puis déposa son portable sur la table. Voilà. Ma soirée t'est consacrée, tu n'auras qu'a me dire ce que tu souhaites que l'on fasse et on le fera, d'accord ? Il tâcha d'adoucir sa voix. Il ne voulait pas qu'elle aille penser qu'il faisait ce choix pour lui faire plaisir. Il n'aimait pas la façon dont elle l'avait provoquée pour l'amener sur le terrain qui l'intéressait et était encore agacé à ce sujet. Cependant il était honnête quand il lui avait affirmer quelques instants auparavant qu'elle était son premier choix et ce malgré l'affection qu'il portait à sa mère.

Si elle avait été à deux doigts de faire tourner une mèche de cheveux entre ses doigts et papillonner des cils, elle cessa toute activité lorsqu’il ouvrit enfin la bouche. Fronçant les sourcils, elle attendit simplement les explications qui suivaient. Et ne fut-elle pas servie ? Sur un plateau d’argent mais la victoire avait un gout amer. Il semblait d’une humeur massacrante, comme s’il disait cela simplement pour lui faire plaisir. N’avait-il pas comprit que c’était effectivement ce qu’elle pensait, ce qui lui faisait peur ? Vraisemblablement non et le savoir la plongeait un peu plus dans l’incertitude. Elle en demandait surement trop étant donné qu’il paraissait vraiment blessé de devoir annuler son repas avec sa mère. Ils se connaissaient depuis si longtemps qu’elle en venait parfois à penser que peut-être il commençait à se lasser d’elle. Après tout elle n’était pas toujours facile à vivre ni pour le moins parfaite. Le prouver ce stratagème mit en place uniquement dans le but de le faire céder, ne prenant absolument pas compte de ses sentiments. Et ça avait beau marcher, elle s’en voulait désormais. Terriblement et était loin de penser qu’elle avait gagné. Elle sentit ses yeux s’embuer et se trouvait stupide de commencer à pleurer alors qu’elle avait gagné. Bon sang, elle passait de la joie aux larmes en moins de dix secondes en un rien et c’était des plus irritants. Tentant de lever les yeux pour ne pas que cela en vienne aux larmes, elle perdit la bataille lorsque la voix cassante de Léo annonça qu’il allait annoncer la nouvelle à sa mère. Elle eut le vague espoir qu’il allait sortir pour lui téléphoner et qu’elle ait le temps de se reprendre mais ce ne fut pas le cas. « Je suis désolée que ça te dérange de passer la soirée avec moi. » Et c’est après ces quelques mots qu’elle perdit son combat contre les larmes. Fière, elle tourna la tête pour éviter au plus de le regarder et fit de son mieux pour stopper l’hémorragie. « Je ne voulais pas t’énerver. » Ou si peu. « Je me sens simplement… Au deuxième plan. C’est comme si j’étais la maitresse. » Elle ne savait si c’était le fait de pleurer comme une adolescente qui avait ouvert les portes de son cœur mais elle se mit tout simplement à lui dire ce qu’elle ressentait réellement. « Je ne veux pas que tu choisisses entre elle moi parce que ça ne devrait pas être un choix, on ne joue pas dans la même catégorie. Je veux passer en premier. C’est égoïste peut-être mais c’est vrai. Je veux simplement revenir au premier plan. » Après un reniflement assez disgracieux, elle s’essuya rapidement les joues tout en continuant à consciencieusement éviter son regard.

Le moral d'Olivia descendit en chute, quand Leo se risqua à la regarder il ne put que le constater. Bien évidemment et ce malgré la colère qui s'était formé en lui vis à vis d'elle, la voir ainsi le rendit penaud. Il lui en voulait, mais ce n'était pas vraiment le cas. Il détestait ce genre de situation, tout simplement. Il se mordilla la lèvre. Olivia... Commença t'l d'un ton plus léger. Il était désormais vidé. En quelques instants, sa colère s'était évanouie cédant la place à une brusque culpabilité. Il n'y avait qu'elle pour réveiller ce genre de sentiments en lui, elle avait définitivement un drôle d'effet sur lui. Bien simplement, il était amoureux d'elle. Il l'écouta parler. C'était désormais elle qui ne parvenait plus à le regarder dans les yeux. Il poussa un petit soupire avant de prendre la parole, la situation devenant tout bonnement insupportable à ses yeux. C'est vrais : je déteste devoir faire un choix pareil. Je n'aime pas ce genre de situations. Je sais que ma mère est irritante, mais je ne veux pas la blesser. Tu sais, je n'ai jamais voulu te blesser non plus. Non, il n'avait jamais voulu lui donner l'impression d'être aussi peu importante dans sa vie. Bien sûr, sa mère avait tendance à empiéter sur sa vie, mais il ne pensait pas qu'Olivia percevait les choses de cette façon. Il n'avait jamais songer qu'il puisse être un si mauvais petit ami. Dans le fond, c'était peu être lui l'égoïste. Il ne cessait de se remettre en questions et cela ne faisait que le rendre plus nerveux. De plus, il souhaitait surtout réparer ses fautes et non se prendre la tête. Leo tendit la main, rompant le mur formé entre lui et Olivia au fil de la discussion. Il ne voulait cependant pas la brusquer et se contenta de caresser du bout des doigts la manche de son vêtement. C'est... Compliqué. Mais je t'aime et si tu arrives à douter de cela, j'en suis vraiment désolé. Il s'en voulait de la voir si mal. Voilà qu'il accumulait désormais les reproches contre sa personne : il s'en voulait de lui faire croire qu'elle comptait si peu. Je t'aime Olivia répéta t'il sans cesser de caresser le tissu, le sentant glisser contre ses doigts. Tu passes avant tout pour moi. Leo inclina un peu la tête, dans l'espoir d'échanger ne serais ce qu'un très bref regard avec Olivia. Il voulait se sentir pardonné et surtout, il ne voulait pas voir de tristesse dans ses yeux. Par dessus tout, il appréhendait de découvrir son visage et d'y voir une larme, roulant sur sa joue. Il n'était pas sûr de le supporter. A vrais dire, il tâchait difficilement de se contenir. Caresser son vêtement ne lui suffisait pas. Il aurait aimer se lever pour aller la rejoindre, la prendre dans ses bras. Mais peu être que ce souhait n'était pas partager. Il ne voulait pas être repoussé et tâcha donc de rester assit.

Finalement, toute la colère qu’elle ressentait s’était évanouie tout comme la sienne. Ils avaient simplement l’air de deux idiots à se disputer pour rien dans un lieu public. Qu’on la regarde, Olivia s’en fichait bien. Elle ne voulait simplement pas lui paraitre idiote. Ses sentiments, elle faisait de son mieux pour les lui cacher depuis un petit moment. Elle n’aimait pas pleurer devant lui, que ce soit pour une raison valable ou non. Qui plus est, elle savait qu’il se sentirait coupable s’il la voyait pleurer et voulait à tout prix lui éviter ça. Ce qui faisait qu’elle s’oubliait. Mais elle s’était oubliait depuis trop longtemps déjà et avait fini par craquer. Elle se détestait plus pour cela que pour avoir joué les garces sans cœur. C’était peut-être stupide mais elle aimait l’entendre dire qu’il ne voulait pas la blesser, qu’il l’aimait et passait avant le reste. C’était mielleux au possible, bisounours intégral mais c’était bon. Ca réchauffait tout son être et faisait battre son cœur un peu plus fort. Ses doigts sur sa manche, aussi léger que soit le contact réussi à faire taire ses larmes et elle s’essuya une nouvelle fois les joues pour essayer d’en effacer toute trace. « Je t’aime aussi. » Elle leva enfin les yeux vers lui et esquissa un petit sourire timide mais vrai. « Et tu passes aussi avant tout le reste. » Il y avait des périodes où son boulot l’accaparait plus que d’autres et où elle le voyait moins mais il restait son premier amour. N’y tenant plus, elle préféra occulter le lieu, se lever, repousser sa table pour s’assoir sur ses genoux et le prendre dans ses bras. Elle avait besoin de le sentir contre elle, de reconnaitre physiquement qu’il était toujours là et qu’il ne partirait pas. Puisqu’au final c’était sa plus grande peur, qu’il la laisse seule. Enfouissant sa tête dans son cou, elle le serra fort contre elle pour oublier toute leur dispute, tous les non dits et leurs problèmes. Il y avait simplement Léo et l’amour qu’il lui portait. « Je t’aime tellement. » Elle le disait rarement au final, pas parce qu’elle ne le pensait pas mais parce qu’elle pensait que c’était inutile. Le fait qu’elle ait besoin de l’entendre prouvait que ça ne l’était pas et elle nota mentalement de le lui dire plus souvent. Déposant un léger baiser dans son cou, elle s’écarta légèrement pour pouvoir le regarder en face. « Peut-être qu’on pourrait rester à la maison demain soir, acheter des fraises aux chocolats, du champagne, éteindre les portables et fermer la porte à clé… » Un sourire en coin orna ses lèvres et elle lui lança un regard brulant sachant pertinemment qu’il comprendrait de quoi elle voulait parler. Evidemment, les fraises au chocolat seraient pour lui étant donné qu’elle n’appréciait absolument pas le cacao mais le champagne c’était autre chose. Et surtout Léo. Déposant un léger baiser sur ses lèvres ne désirant pas nous plus s’afficher en public, elle quitta à regret ses genoux pour reprendre sa place sur la chaise en face de lui, beaucoup plus respectable. « Et on pourrait peut-être instaurer un déjeuner chez ta mère tous les dimanches. » Elle avait légèrement baissé la voix dans un fol espoir qu’il ne l’entende pas et qu’elle puisse inventer autre chose entre temps. Mais c’était un bon compromis au demeurant. Il ne dinait chez elle que le dimanche et le reste du temps il était à elle. « Peut-être qu’elle m’aimerait plus si on y allait ensemble. » Olivia avait l’impression que depuis qu’ils étaient en couple, l’attitude de la mère de Léo avait complètement changée et était intimement persuadée que celle-ci ne la trouvait pas à la hauteur de son fils chéri.

Citation :: Le portable de Léo sonne, c'est sa mère. Elle rappellera tant qu'il n'aura pas décrocher.

Il n'avait jamais aimer les disputes, à vrais dire depuis l'enfance il passait tant bien que mal son temps à les fuir. Il n'y parvenait pas toujours bien sûr et alors il devait simplement les supporter, y faire face. Ce n'était jamais facile mais, à son âge, Leo avait bien assimilé que tout n'était pas facile dans la vie, loin de là. Cependant, si il redoutait les conflits, il affectionnait les réconciliations. Comme si un manque c'était creusé en lui alors que le ton montait autour de la table et que la solution pour le combler était désormais à portée de main. Leo observa Olivia alors qu'elle relevait doucement la tête vers lui. Une ébauche de sourire se dessina sur son visage et il éprouva un vaste soulagement. Le pire était visiblement passé. Leo la glorifia de son plus beau sourire alors qu'elle se levait pour se rapprocher de lui. Elle prit place sur ses genoux et il enroula un bras autour d'elle, la gardant ainsi contre lui. Elle lui déposa un baiser dans le cou avant de poser ses lèvres sur les siennes. Leo lui rendit son baiser avec douceur puis s'éloigna. Il glissa sa main libre dans la chevelure blonde d'Olivia puis cette dernière se leva, tout en l'écoutant parler. Il répondit en hochant la tête quand Olivia lui proposa un programme pour leur soirée. Je suis partant. Dit-il avant de l'embrasser à son tour. Quand ce baiser prit fin, Olivia se leva, allant reprendre place de l'autre côté de la table. Il porta son gobelet de café à ses lèvres et en but une nouvelle gorgée. Il fut reconnaissant à Olivia de vouloir faire un compromis. Il était bien conscient qu'elle proposait cela uniquement pour lui faire plaisir. Entre sa mère et Olivia, Leo était bien conscient que la tension montait considérablement quand elles se retrouvaient face à face. Leo était toujours là pour tâcher d'arranger les choses, mais l'ambiance restait tendue. Ce n'était agréable pour personne, ainsi, il contra la proposition d'Olivia tout en tendant à nouveau le bras, ses doigts se refermant cette fois-ci sur la main de sa petite amie. J'apprécie beaucoup, vraiment, mais ne t'en fais pas, je n'ai jamais voulu t'imposer ma mère et je vais essayer de lui faire comprendre que... Il fut interrompu par une sonnerie de portable. Leo se crispa légèrement. Il connaissait cette musique et pour cause car il l'entendait à chaque fois qu'on essayait de le joindre. Il tendit une main vers l'appareil et observa l'écran. "Maman". Sentant le regard d'Olivia, il n'essaya pas de masquer l'identité de la personne qui l'appelait. Je vais laisser sonner, je lui ai parlé il n'y a pas très longtemps dit-il en tachant de porter attention à autre chose qu'à son portable. Il n'avait pas l'habitude d'ignorer les appels de sa mère. Il ne pouvait s'empêcher de penser qu'elle avait peu être besoin de lui. Mais il ne voulait pas décevoir Olivia et lui donnait le sentiment d'être négligée. Il ne remettrait pas en cause ce qu'il venait de lui déclarer, pour rien au monde. Qui plus est, sa mère ne s'inquièterait pas de ne pas le voir répondre tâcha t'il de se convaincre. Sans succès cependant, la mélodie de son portable l'irritant à chaque fois qu'elle reprenait. Agacé, Leo pressa la touche ignorant l'appel puis ne put s'empêcher de pousser un petit soupire. Cela ne doit pas être important. Dit-il, un sourire légèrement marqué par la frustration se dessinant sur son visage.

Elle préférait ça, la douceur de sa peau à l’amertume de ses mots. Son odeur à sa douleur. Elle se sentait bien dans ses bras. D’aussi loin qu’elle s’en souvienne, elle s’était toujours sentie protéger à ses côtés. Léo avait toujours été sa constante. Bien sur il y avait sa famille, ses sœurs mais avec Léo c’était différent. Il n’était pas obligé, il était avec elle parce qu’il le désirait. Il restait avec elle parce qu’il appréciait sa compagnie. Dès qu’il se passait quelque chose d’important dans sa vie, la première personne à qui elle désirait en parler c’était lui. Après avoir comprit qu’elle était amoureuse, elle s’était sentie idiote de ne pas l’avoir saisi avant, c’était tellement évident. Encore aujourd’hui, en pleine dispute, ou réconciliation, elle savait que c’était lui et personne d’autre. Lorsqu’il accepta sa proposition, un sourire rayonnant prit place sur ses lèvres et s’est de nouveau d’une humeur excellente qu’elle retourna s’assoir sur sa chaise. Elle était presque désolée d’avoir réduit son muffin en miette parce qu’elle avait de nouveau faim. Elle se contenta du cappucino qu’elle porta à ses lèvres d’une main, serrant celle de Léo de l’autre. Olivia se rendit compte qu’elle le caressait du pouce justement lorsqu’elle stoppa à ses paroles. Elle n’était donc pas devenue folle, sa belle mère la détestait vraiment. Super, ça rendait les choses vraiment plus faciles. « Pas de… Elle venait de l’interrompre pour s’interrompre à son tour à l’entente de cette sonnerie. Dieu qu’elle la détestait parce qu’elle savait à qui elle était reliée. Elle devait avoir un sixième sens qui lui permettait de détecter les plus mauvais moments pour les déranger. Problème... »Le pire ? Lorsque la sonnerie se stoppa nette et qu’Olivia se permit d’espérer, cette dernière recommença, preuve de l’acharnement sans faille de sa belle-mère. Posant sa tasse assez long, elle posa son front contre la table avant de se le frapper plusieurs fois. Bordel, ils venaient tout juste de se réconcilier. Et l’autre qui disait d’un ton peu convaincu que ce n’était pas important. Olivia releva la tête et récupéra doucement sa main pour lui signifiait qu’elle n’était pas en colère mais qu’il ne fallait pas pousser non plus. S’en suivit ensuite une longue attente ou tous les regards étaient fixés sur ce téléphone. Olivia ne tenait pas en place. A la quatrième tentative, ses ongles tapotaient furieusement la table et son talon le sol. Elle voulait décrocher. Elle le voulait tellement qu’elle devait se faire violence pour ne pas le faire. Elle voulait l’attraper et lui dire, excusez moi madame Mayers mais je fais passionnément l’amour à votre fils alors il n’est vraiment pas en mesure de vous parler. Si elle en avait été capable, elle se serait téléporté chez elle et l’aurait étranglé avec un plaisir délectable. A la cinquième sonnerie, elle quitta finalement le téléphone des yeux pour les lever sur Léo. « Mais fais quelque chose bordel ! » Elle avait tout bonnement explosé. L’attente, la pression qui monte lentement. « Pardon. » Elle l’avait dit mais n’en pensait rien. Il la torturait bien plus en laissant sonner qu’en décrochant. Finalement elle se leva de sa chaise et se dirigea vers les toilettes pendant cinq bonnes minutes pour tenter de se calmer. Faire les cent pas dans une si petite pièce n’était pas recommandé mais ça ne l’empêcha pas d’essayer. Finalement, elle revint s’assoir, presque plus énervée qu’à son départ. Elle ne pipa mot et se contenta de croiser les bras sur sa chaise, complètement hermétique au reste du monde. Olivia leva simplement les yeux vers Léo et son regard n’avait rien de sympathique.

Par dessus tout, il détestait le fait que tout soit aussi délicat à gérer. Peu être qu'il était égoïste, ne voulant blesser personne mais blessant sans doute tout le monde, y compris lui-même. Il avait beau penser ce qu'il venait de dire à Olivia, il lui était désagréable de laisser ainsi son portable sonner, sachant pertinemment que sa mère devait d'hors et déjà s'imaginer de nombreux scénarios expliquant qu'il ne réponde pas. Soit, il n'était plus un gamin, il n'avait guère à la prévenir du moindre de ses faits et gestes. Ils étaient trop proches et il ne voulait pas que ce genre de liens ruine celui qu'il avait avec Olivia. Il ne pourrait jamais le tolérer, il peinait même à l'imaginer. Il ne la blesserait pas davantage à cause de sa mère, l'idée de la perdre étant bien trop supportable. Il décida de prendre sur lui, pour elle. Seulement, une énième fois, le fait qu'elle le connaisse aussi bien se révélait être un bel handicape. Les secondes s'écoulaient, la sonnerie se faisant interminable, irritante. Quand Leo pensait qu'elle prenait enfin fin, elle reprenait de plus belle, le laissant encore plus frustré qu'il ne l'était quelques instants auparavant. Finalement, Olivia rompit le silence. Elle n'avait pas dut parler si fort, mais Leo eu l'impression qu'elle venait de lui hurler dessus. Comme s'il venait de se faire frapper, il se recula tant bien que mal, se collant au dossier de la banquette ou il se trouvait être assit. Il n'avait guère l'habitude qu'on agisse ainsi envers lui. Oui, il était un peu trop proche de sa mère à son âge et pourtant, il ne supportait pas qu'on s'adresse à lui ainsi. Venant d'Olivia, cela avait quelque chose d'humiliant. Il allait dire quelque chose mais elle se leva, le laissant tout seul.
Leo ne se retourna pas pour la regarder partir, encore brusqué par le vif retournement de situation qu'il venait de vivre. Comment pouvait-elle se tenir sur ses genoux quelques instants auparavant, l'embrassant, puis réagir aussi vivement ? Se retrouvant seul, Leo décrocha. Il discuta très brièvement sa mère, la rassurant, lui exposant la situation. Elle n'eu pas l'air convainque et ne masqua pas sa déception de voir son fils préférer un repas avec sa copine plutôt qu'un en sa propre compagnie. Leo était plutôt sec, encore chamboulé. Il s'excusa pour cela puis raccrocha, à temps pour voir Olivia revenir. Elle s'installa à nouveau en face de lui et le dévisagea. Quoi ? C'est toi qui me regarde comme ça alors que tu viens de me crier dessus ? Fit-il remarquer. Il laissa échapper un rire dans lequel perça une pointe de sarcasme. Il avait connu meilleur petit déjeuner. Il laissa échapper un long soupire. Je ne sais pas ce que tu attends de moi, franchement. Il regardait désormais Olivia dans les yeux.